Arrietty, le petit monde des chapardeurs (vu le 12 janvier 2011)

Publié le par BERENICE21

Les Chapardeurs sont des êtres lilliputiens vivant dans les endroits les plus secrets des vieilles demeures. Ils subsistent en empruntant aux humains ce dont ils ont besoin. Mais en menue quantité, pour ne pas éveiller l’attention de leurs cousins de grande taille. Arrietty appartient à ce petit peuple. Cependant, l’aventureuse jeune fille, ignorant toute prudence, va se lier avec un jeune garçon, Sho, venu se reposer, avant une délicate opération, dans la maison où elle et ses parents ont trouvé refuge…

Après plusieurs semaines de disette, je finissais par désespérer de voir un film qui me séduise. Une fois encore, le salut vient d’Asie…

The Walt Disney Company France

Inspiré d’un roman de Mary Norton (The borrowers), Arrietty, le petit monde des chapardeurs est une nouvelle merveille des studios Ghibli, dont c’est ici le 18ème long métrage.

Arrietty procure d’abord, par sa représentation poétique d’une nature à la beauté quasi sacrée, un ravissement esthétique (trop) rare. Une nature bruissante de vie, gorgée de chlorophylle et de couleurs impressionnistes (Monet n’est pas loin), et même de parfums, que l’on peut presque percevoir. Car, bien sûr, comme souvent chez Miyazaki (auteur ici du scénario), ce film est avant tout une magnifique fable écologique, où le personnage principal et sa famille, menacés par les humains, sont les symboles d’un monde enchanté et naturel en voie d’extinction.

Arrietty va toutefois bien au-delà. Il est aussi une parabole sur la fin possible (et souhaitée ?) de la société de consommation (il a été mis en chantier en 2008, en pleine crise économique). En détournant les objets de leur usage initial (un escalier fait de clous, une bobine de fil recyclée en ascenseur, du ruban adhésif double face en guise de matériel d’escalade...), en empruntant -raisonnablement et uniquement ce qui leur est indispensable (les Chapardeurs préfèrent aux charmants bibelots de la maison de poupée un humble morceau de sucre)- plutôt qu’en achetant, le peuple d’Arrietty nous montre en effet une autre voie de développement envisageable, une manière de vivre et de s'épanouir différente, moins matérialiste, davantage tournée vers l'essentiel, c'est-à-dire l’humain, qu’incarne la belle et émouvante relation de la jeune fille avec ses parents, marquée ici non pas par le conflit générationnel, mais par la transmission et la solidarité.

The Walt Disney Company France

D'une qualité graphique qui n’a rien à envier aux productions du maître Miyazaki, la réalisation d’Hiromasa Yonebayashi prouve que le jeune cinéaste (il n’a que 37 ans) a déjà trouvé son style, défini ses propres thématiques et créé un univers personnel, laissant entrevoir un bel avenir pour le mythique studio japonais.

Je n'aime pas surcharger mes articles d'images. Mais en l'occurrence, elles sont plus à même de rendre compte de la beauté enchanteresse d'Arrietty que les mots. Aussi conclurai-je par ces quelques vignettes extraites de ce film...

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Publié dans Mes critiques - 2011

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J
Tout à fait d'accord avec cet article, j'ai été émerveillé une fois de plus :) .<br /> Le terme de "délicatesse" de Fredastair convient parfaitement au ressentit positif que j'ai eu.
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N
Oui, le film déborde d’inventivité tout en restant dans la simplicité absolue. Ce que nous propose à voir Yonebayashi, c’est ni plus ni moins que notre univers vu sous l’angle d’une minipouce. Cela n’a rien d’innovant en soi, mais la réalisation est ici brillante : l’élève a su bien profiter de l’enseignement de son maître Miyasaki. Et une fois encore, l’histoire est belle, les valeurs de partage, au contraire de ce que nous montre au quotidien la société de surconsommation, nous rappellent qu’il existent aussi d’autres moyens de survie. C’est simple, c’est sans doute pas encore à la hauteur du grand Miyasaki, mais c’est un très bon début à saluer avec enthousiasme.
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F
En effet, un film splendide à tous points de vue : chaque image est un tableau, chaque séquence réinvente le décor du quotidien en paysage de conte merveilleux. Le travail de la bande-son, par exemple, joue des "échelles" avec minutie (un bruit commun est amplifié pour un petit chapardeur) et nous plonge dans un vrai bain de sensations. Une poésie et une délicatesse trop rares sur grand écran.
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