Arrietty, le petit monde des chapardeurs (vu le 12 janvier 2011)
Les Chapardeurs sont des êtres lilliputiens vivant dans les endroits les plus secrets des vieilles demeures. Ils subsistent en empruntant aux humains ce dont ils ont besoin. Mais en menue quantité, pour ne pas éveiller lattention de leurs cousins de grande taille. Arrietty appartient à ce petit peuple. Cependant, laventureuse jeune fille, ignorant toute prudence, va se lier avec un jeune garçon, Sho, venu se reposer, avant une délicate opération, dans la maison où elle et ses parents ont trouvé refuge
Après plusieurs semaines de disette, je finissais par désespérer de voir un film qui me séduise. Une fois encore, le salut vient dAsie
Inspiré dun roman de Mary Norton (The borrowers), Arrietty, le petit monde des chapardeurs est une nouvelle merveille des studios Ghibli, dont cest ici le 18ème long métrage.
Arrietty procure dabord, par sa représentation poétique dune nature à la beauté quasi sacrée, un ravissement esthétique (trop) rare. Une nature bruissante de vie, gorgée de chlorophylle et de couleurs impressionnistes (Monet nest pas loin), et même de parfums, que lon peut presque percevoir. Car, bien sûr, comme souvent chez Miyazaki (auteur ici du scénario), ce film est avant tout une magnifique fable écologique, où le personnage principal et sa famille, menacés par les humains, sont les symboles dun monde enchanté et naturel en voie dextinction.
Arrietty va toutefois bien au-delà. Il est aussi une parabole sur la fin possible (et souhaitée ?) de la société de consommation (il a été mis en chantier en 2008, en pleine crise économique). En détournant les objets de leur usage initial (un escalier fait de clous, une bobine de fil recyclée en ascenseur, du ruban adhésif double face en guise de matériel descalade...), en empruntant -raisonnablement et uniquement ce qui leur est indispensable (les Chapardeurs préfèrent aux charmants bibelots de la maison de poupée un humble morceau de sucre)- plutôt quen achetant, le peuple dArrietty nous montre en effet une autre voie de développement envisageable, une manière de vivre et de s'épanouir différente, moins matérialiste, davantage tournée vers l'essentiel, c'est-à-dire lhumain, quincarne la belle et émouvante relation de la jeune fille avec ses parents, marquée ici non pas par le conflit générationnel, mais par la transmission et la solidarité.
D'une qualité graphique qui na rien à envier aux productions du maître Miyazaki, la réalisation dHiromasa Yonebayashi prouve que le jeune cinéaste (il na que 37 ans) a déjà trouvé son style, défini ses propres thématiques et créé un univers personnel, laissant entrevoir un bel avenir pour le mythique studio japonais.
Je n'aime pas surcharger mes articles d'images. Mais en l'occurrence, elles sont plus à même de rendre compte de la beauté enchanteresse d'Arrietty que les mots. Aussi conclurai-je par ces quelques vignettes extraites de ce film...