Carlos (vu le 17 juillet 2010)

Publié le par BERENICE21

De l’exécution ratée d’un homme d’affaire à Londres, en 1974, à son arrestation à Khartoum en 1994 par la DST, Carlos nous raconte le parcours d’Ilich Ramírez Sánchez qui, durant deux décennies, fut l'un des terroristes les plus recherchés de la planète.

Après le magnifique portrait de Che Guevara, de Steven Soderbergh, c’est au tour d’Olivier Assayas d’évoquer une autre figure emblématique de la mythologie révolutionnaire du XXème siècle. Et comme Soderbergh avec Benicio del Toro, il est servi dans sa démarche par le jeu inspiré de son interprète principal, Edgar Ramírez. Ce dernier incarne en effet avec justesse ce personnage aux convictions fluctuantes et contradictoires, souvent davantage motivé par la lumière des médias et son propre intérêt, que par les causes qu’il prétend défendre. A travers la trajectoire de Carlos, Olivier Assayas nous amène en outre à réfléchir sur les impasses des idéologies révolutionnaires qui ont secoué le monde dans les années 1970 et 80. Le cinéaste nous donne ainsi à voir comment, derrière leurs discours idéalistes, les membres des organisations d’extrême gauche ont fini par devenir de simples mercenaires. La réussite de Carlos tient également au fait qu’il est un très efficace film de genre, au montage nerveux, comme une (bonne) série américaine.

Un bémol, tout de même. Je n’ai pas vu la version diffusée sur Canal +, plus longue de trois heures. Mais de toute évidence, des développements importants font les frais de ce resserrement. On passe ainsi de la (formidable) représentation de la prise d’otages de l’OPEP (1975) à la fin de cavale du terroriste au Soudan (1994), sans que soit évoquée la série d’attentats commis par Carlos en France au début des années 1980 (train Capitole Paris-Toulouse, rue Marbeuf, gare Saint-Charles de Marseille…). Cette contraction se fait aussi au détriment de l’approfondissement du portrait des compagnons de Carlos (en particulier Magdalena Kopp, sa compagne, et Hans Joachim Klein, personnage à la psychologie complexe) et de sa relation avec eux. Sans doute était-il possible d’imaginer, pour le cinéma, un diptyque à la manière du Che,de Soderbergh.



Publié dans Mes critiques - 2010

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