We are four lions (vu le 8 décembre 2010)
Omar (Riz Ahmed), Hassan (Nigel Lindsay), Barry (Kayvan Novak) et Fessal (Chris Wilson) ont une obsession : amener la guerre sainte au cur de Londres. Mais ces islamistes fanatiques divergent sur la manière dagir. Faisal, lartificier du groupe, veut ainsi se servir de corbeaux pour bombarder des lieux stratégiques. Barry se prononce quant à lui en faveur de lattaque dune mosquée, pour radicaliser les modérer. Quitte à provoquer la mort dun grand nombre de Musulmans. Pour Omar et Hassan, la lutte passe dabord par un stage djihadiste en Afghanistan
Avec We are four lions, la question se pose de savoir si lon peut rire de tout. Vieille rengaine qui ressurgit à chaque fois quun créateur aborde sous un angle comique et provoquant un sujet grave (ici le terrorisme islamique). Chaplin apporta en son temps la plus magistrale des réponses à cette interrogation en nous livrant un portrait au vitriol dHitler dans Le dictateur. Dans une formule devenue célèbre, lhumoriste Pierre Desproges remarqua pour sa part quon pouvait samuser de tout, mais pas avec nimporte qui. Je crois également quil nexiste pas de thèmes tabous. Encore faut-il être drôle. Malheureusement, hormis quelques scènes assez loufoques (toutes montrées dans la bande-annonce), ce nest pas le cas de We are four lions, qui savère au final plutôt pathétique, à limage de son quatuor de Pieds Nickelés du Djihad. A cela sajoute la laideur visuelle du film : le recours régulier au décadrage (pour donner un caractère documentaire au film ?) est en effet assez nauséeux. Mais ce nest pas là le principal reproche que lon peut adresser à Chris Morris. Le cinéaste pousse en effet si loin la caricature quil prive de toute vraisemblance psychologique ses personnages, désamorçant ainsi complètement son propos.
Le critique Rudolph Arnheim observait à propos du Dictateur que Charles Chaplin est le seul artiste à détenir larme secrète du rire mortel. Non pas le rire du sarcasme superficiel et complaisant, qui sous-estime lennemi et ignore le danger, mais le rire du Sage (Chaplin, sa vie, son art, David Robinson (Ramsay, 2002)). Chris Morris a hélas choisi la démarche inverse, en méprisant les terroristes islamistes, qui deviennent devant sa caméra une bande de pantins dérisoires et, surtout, pas très amusants.