Cracks (vu le 15 juillet 2010)

Publié le par BERENICE21

Dans un pensionnat anglais, en 1934. Miss G (Eva Green) entraîne à la natation un groupe de jeunes filles menée par Di Radfield (Juno Temple). Cette belle femme charismatique les faits rêver par le récit de ses voyages exotiques et de ses liaisons passionnées. Mais un jour arrive une nouvelle élève, Fiamma Coronna (Maria Valverde), une aristocrate espagnole éprise de liberté, qui à son tour va exercer une véritable fascination sur son professeur. Di et ses amies en éprouveront bientôt un vif sentiment de jalousie…

Eva Green. StudioCanal

Cette première oeuvre de Jordan Scott (elle a auparavant coréalisé avec son père, Ridley, l'un des courts-métrages d’All the invisible children), sorti de manière confidentielle à la fin du mois de décembre 2009, sur un nombre très réduit de copies, a été assez fraîchement accueilli par la critique. La sortie du DVD permet enfin de se forger une opinion et de constater que Cracks ne mérite pas un jugement aussi sévère. Jordan Scott compose en effet, avec cette histoire adaptée d’une nouvelle de Sheila Kohler, un univers onirique et infiniment troublant (et touchant), fait de fantasmes et de mythes (on peut citer en exemple la scène où, telles des ondines, Miss G et les jeunes filles prennent un bain nocturne).

L’interprétation est l’autre force de ce film. Eva Green campe ainsi un personnage ambigu, à la fois bonne fée et sorcière, pour reprendre l’expression de la réalisatrice. Son magnétisme la rend d’abord certaine de son ascendant, cependant Fiamma la rendra vulnérable, en la rejetant et en révélant la vacuité de son existence. Juno Temple (révélation de ce début d'année, car également à l’affiche de Mr Nobody et Greenberg) campe quant à elle avec talent une chef de clan à la fois sadique et fragile. Enfin, Maria Valverde (vue dans l’excellent film de Gonzalo Lopez-Gallego, Les proies), aérienne comme un ange, incarne avec sensibilité une héroïne romantique qui compense sa faiblesse par la force et la réalité de sa passion, qu’elle oppose à la mythomanie de Miss G.

Eva Green et Maria Valverde. StudioCanal

On retiendra encore plusieurs choix musicaux particulièrement judicieux, notamment la très mélancolique chanson Greensleeves, et quelques belles références littéraires, tel le poème de John Keats, La vigile de la Sainte Agnès, ou le sonnet de Percy Shelley, Ozymandias.

Cracks est donc un premier essai plutôt réussi, à la fois charnel, troublant, émouvant et dont la beauté plastique envoûte.



Publié dans Mes critiques - 2010

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
W
Et j'ai eu la chance de le voir au cinéma, ça joue je trouve. En le revoyant sur petit écran, on baigne un peu moins dans cette ambiance cotonneuse.
Répondre
W
Pour moi c'est la confirmation pour Eva Green qui porte (avec Juno Temple, en effet la révélation de l'année 2010) le film sur ses épaules. Fascinante puis effrayante et touchante. Il y a du Magdalene, du Virgin Suicides dans ce Cracks. Certes il n'est pas parfait, mais j'ai aimé le charme et la sincérité qui se dégageait de cette première œuvre.
Répondre