127 heures (vu le 25 février 2011)

Publié le par BERENICE21

Un samedi d’avril 2003, Aron Ralston (James Franco) part en randonnée dans le parc national de Canyonlands, près de Moab, dans l'Utah. Sur son parcours, il rencontre deux jeunes femmes égarées, Megan (Amber Tamblyn) et Kristi (Kate Mara), qu’il remet sur le bon chemin. Puis il s’engage seul dans le Blue John canyon. C’est là, dans l’un des passages les plus étroits de la gorge, qu’il est surpris par la chute d’un rocher, qui emprisonne son bras droit contre la paroi. Le voilà pris au piège, menacé de déshydratation et d’hypothermie…

127 heures est une expérience de cinéma dont on sort vidé. En raison d’abord de la formidable énergie de la mise en scène de Danny Boyle. Bien sûr, certains trouveront sa virtuosité un brin tape-à-l’œil. Je trouve pour ma part que ses excès stylistiques illustrent à merveille la quête de sensations quasi frénétique de son héros.

Ensuite, parce que le cinéaste parvient à nous faire ressentir viscéralement l’intensité des épreuves vécues par le jeune homme. La perte de repère que son patchwork d’images et de sons génère chez le spectateur suggère en effet remarquablement l’altération progressive de lucidité d’Aron. A cet égard, on peut saluer ici le travail des deux directeurs de la photographie, Anthony Dod Mantle et Enrique Chediak, des habitués d’univers un peu barrés, puisqu’on leur doit respectivement Antichrist et Rabia.

James Franco. Pathé Distribution

Mais pour faire saisir au public la dimension intérieure de cette histoire, il fallait un acteur à la hauteur. James Franco se révèle digne du défi qui lui est proposé, offrant dans 127 heures ce qui est sans doute sa prestation la plus bluffante à ce jour. Ce n’était pourtant pas aisé de susciter l’empathie avec un tel rôle. Et comme Jeff Bridges dans True grit, Franco me fait reconsidérer la performance de Colin Firth dans Le discours d’un roi. Car, au-delà du travail sur le bégaiement, il m’apparaît plus facile d’émouvoir en incarnant un homme guidé par le seul désir de surmonté son handicap et de servir son peuple dans une période troublée, qu’en interprétant un personnage aussi égoïste et irresponsable -du moins avant son accident- qu’Aron Ralston.

Je comprends que, par ses choix artistiques, son propos, son personnage, ce film en ait agacé plus d'un. Cependant, si on dépasse les simples questions de forme, il me semble que 127 heures, par sa mise en abîme d’un homme perdu dans une nature indomptable, n’est finalement pas très éloigné d’Into the wild, que beaucoup ont encensé…



Publié dans Mes critiques - 2011

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C
C'est bien ainsi que je l'entends : l'opposition homme-nature. La forme des deux films est bien sûr très très différente ! Le fond également, car les deux personnages n'ont pas la même approche de la nature.
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P
La comparaison avec Into the wild ne me semble possible quand dans la stricte acceptation du combat entre un homme et la nature. Pour le reste, je pense tout comme mymp que les deux films sont diamétralement opposés, dans le fond comme dans la forme. Je préfère bien sûr, et de loin, le film de Sean Penn, mais j'ai pris du plaisir à celui de Danny Boyle...
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N
Ah mais tu n'es pas le seul à trouver le film intéressant. La mise en scène de Boyle m'a semblé correspondre à son propos et Franco m'a convaincu. Ce n'est pas un film parfait mais il mérite mieux que ce qu'on en dit souvent.
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C
J'ai fermé aussi un oeil au moment fatidique... Mais même ainsi, c'est difficilement soutenable, car il y a quand même le son, avec ce bruit de corde au moment où Ralston coupe le nerf...
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P
Une bonne surprise que ce film qui ressemblait davantage à un pari casse gueule qu'autre chose. Danny Boyle nous maintient finalement en haleine grâce à sa réalisation nerveuse et en huis clos. La performance de James Franco est simplement géniale. Reste LA scène de la libération, que je n'ai pas pu regarder car insoutenable!
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