L'assaut (vu le 21 mars 2011)
Le 24 décembre 1994, à l'aéroport Houari Boumediene d'Alger. Quatre hommes se présentent à lembarquement du vol Air France 8969. Se faisant passer pour des policiers, ils procèdent à une vérification des passeports des passagers. Mais les autorités algériennes, inquiètent de l'immobilisation prolongée de l'avion, envoient bientôt sur la piste un groupe dintervention. Constatant son approche, les quatre hommes prennent aussitôt le contrôle de l'avion en déclarant être membres du Groupe islamique armé. Ils font alors connaître leurs revendications : ils exigent la libération de deux responsables du Front islamique du salut, Abbassi Madani et Ali Belhadj. Devant le refus des autorités, les preneurs d'otages exécutent un premier passager sur la passerelle avant de l'avion
Lassaut met en scène un évènement que tout le monde -du moins ceux qui étaient nés à l'époque- garde encore en mémoire. Car ce fut sans doute lune des premières fois (avec la guerre du Koweït) où la télévision donna à voir à des millions de personnes lHistoire en marche. Et ce, près de sept ans avant les attentats du 11 septembre 2001.
Pour évoquer ce fait historique, Julien Leclercq fait le choix dune reconstitution précise, froide, comme la photographie délavée de Thierry Pouget. Ici, peu de place à lémotion. Le point de vue des otages est relégué au second plan. Dailleurs, à part les trois passagers assassinés (le policier algérien, le diplomate vietnamien, Bui Giang To, et lemployé de lambassade de France, Yannick Beugnet), une jeune femme voyageant avec ses parents et quelques membres de léquipage, la plupart nont pas de visage clairement identifié. Le réalisateur de Chrysalis préfère nous faire vivre ces évènements à travers trois personnages aux intérêts divergents : Thierry (Vincent Elbaz), un homme du GIGN, Abdul Abdallah Yahia (Aymen Saïdi), le meneur des terroristes, et Carole Jeanton (Mélanie Bernier), une jeune diplomate ambitieuse du Quai dOrsay. Cette construction, qui permet de découvrir le dessous des cartes (même si le temps cinématographique a obligé le cinéaste à prendre quelques libertés avec la vérité), garantit un certain suspense, alors que lissue est connue de tous.
Concernant la psychologie des principaux protagonistes, jai trouvé que Julien Leclercq évite avec intelligence le piège de la caricature. Certes, il ne se livre pas ici à une analyse fine de leurs motivations (mais ce nest pas son propos), néanmoins, jamais il ne cède à la tentation dhéroïser exagérément les membres du GIGN ou de diaboliser les terroristes, comme aurait pu le faire un réalisateur américain. Seul le portrait de Carole Jeanton peut paraître un brin chargé.
Quant à lassaut, vers quoi tend tout le film, les premières secondes mont dabord un peu décontenancé par leur manque de rythme. Jétais déjà en train de me demander ce quaurait pu en faire un Paul Greengrass. Puis Julien Leclercq trouve son rythme, nous plongeant, grâce à une caméra épileptique et un montage nerveux, au cur de laction. Une scène donc parfaitement aboutie, sans être outrageusement lyrique (merci de ne pas nous avoir abrutis avec une musique à