Charlot est content de lui d'Henry Lehrman (Kid auto races at Venice - 1914)

Publié le par BERENICE21

Un vagabond (Charles Chaplin) joue les trublions lors d’une course de voiturettes pour enfant, multipliant les apparitions inopinées dans le champ de la caméra d’un reporter (Henry Lehrman)…

Bien que son intrigue soit assez simpliste, Charlot est content de lui, comme Making a living, fait date dans l’histoire du Septième art. D’abord parce que Chaplin y apparaît pour la première fois dans le costume de Charlot (en fait, le premier film dans lequel il endossa la célèbre défroque du vagabond fut Mabel's strange predicament, cependant ce dernier sortit un peu plus tard sur les écrans). Selon la légende, l'accoutrement de Charlot aurait été composée par un après-midi pluvieux de janvier 1914, dans la loge commune des acteurs de la Keystone, l’acteur empruntant un pantalon trop large de Fatty Arbuckle, une veste de Charles Avery, les chaussures de Ford Sterling, un chapeau melon du beau-père d’Arbuckle et une moustache destinée à Mark Swain. Une version que Chaplin ne confirma jamais. David Robinson, dans la biographie qu’il consacre au réalisateur, relève pour sa part des précédents au costume de Charlot dans le music-hall anglais et rappelle que Fred Kitchen, l’une des stars de la compagnie Karno, revendiqua la paternité de cette tenue. 

 

Charlot est content de lui est également précieux, car il nous permet de voir les premières réactions du public au jeu de l’acteur. Dans un premier temps, la foule des spectateurs se montre intriguée par ce curieux personnage, qui ne cesse de gêner le travail de l'équipe de prise de vue. Puis, peu à peu, le charme opère. Elle commence à sourire. Dans cette demi-bobine d'à peine sept minutes, l'un des plus grands génies comiques du cinéma est en train de naître...

Mais ce court métrage est surtout remarquable par la manière très moderne qu'à Chaplin de capter l’attention de la caméra. Dans The silent clowns, le critique Walter Kerr note d’ailleurs qu'il utilise dans ce film cet instrument comme un moyen d'établir une relation directe et manifeste entre lui et son public... Il regarde la caméra et, en la traversant, il nous rejoint. Son emprise future sur le public et le lien mystérieux et presque inexplicable entre l’interprète et Monsieur tout le monde sont ici en germe.

 

Comme tous les films tournés par Chaplin pour la Keystone, Charlot est content de lui est disponible dans le coffret commercialisé par la société Lobster.



Publié dans Lehrman Henry

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